Heinrich SCHÜTZ (1585 - 1672), est le musicien allemand du XVIIème siècle, mais pas seulement.
C'est aussi le plus grand musicien de notre histoire occidentale avec Jean-Sébastien BACH.

L'époque de Heinrich SCHÜTZ est celle de la
"Guerre de Trente ans" (1618 - 1648), la pire de l'Histoire allemande.


Malgré l'atmosphère de désolation générale, notre musicien exerça son art avec courage, toujours soucieux de présenter une musique de qualité malgré les difficultés évidentes (tant au niveau matériel, qu'au niveau du recrutement des chanteurs), apportant ainsi espoir et réconfort à ses compatriotes.

De cette époque troublée datent ses plus grands chefs-d'oeuvre : la "Musikalische Exequien", les "Kleine Geistliche Konzerte", et la "Geistliche Chormusik", entre autres.

C'est à Heinrich SCHÜTZ d'avoir l'honneur d'inaugurer en 1627, à Dresde, le premier opéra de l'Histoire allemande : "Dafné".
Malheureusement, la partition de cette musique princière, composée à partir du texte de Martin OPITZ, est perdue.

Heinrich SCHÜTZ est avant tout un musicien municipal, engagé dès 1615 en tant que Maître de Chapelle à la cour du Prince-Electeur Jean-Georges 1er de Saxe, à Dresde.

Mais c'est sous la protection du Landgrave Maurice de Hesse-Kassel qu'il part, en 1609, pour Venise, étudier la musique auprès de Giovanni Gabrieli (1557 - 1612), premier organiste de Saint-Marc.

De retour en Allemagne, il réalise à travers ses compositions la synthèse musicale entre l'Allemagne de la Renaissance et le Baroque italien.

Ses formations à plusieurs Choeurs, présentent dans beaucoup de ses oeuvres, "constituent une structure sonore dont la force des images est fascinante" (K. Heller).

Toutes les oeuvres de SCHÜTZ qui nous sont parvenues sont exclusivement vocales et toutes, sans exceptions, demandent, pour être interprétées correctement, des voix masculines.

Selon nous, les interprétations des oeuvres de SCHÜTZ formées de solistes et de choeur(s) mixtes n'atteignent pas les conceptions de l'artiste ; pire, elles les défigurent presque affreusement.

- Le meilleur enregistrement afin de découvrir "Le Père de la Musique Allemande" reste, indiscutablement, celui d'Harmonia Mundi, n° 901097, 1982, "Kleine Geistliche Konzerte" (Petits concerts spirituels) chantés par Sébastien Hennig (soprano) & René Jacob (alto).

- La meilleure intégrale des "Kleine Geistliche Konzerte" est sans l'ombre d'un doute celle de Gerhard Schmidt-Gaden et ses solistes du célèbre TölzerKnabenchor (3 enregistrements magnifiques), chez Capriccio.

- Viennent ensuite les enregistrements du légendaire DresdnerKreuzchor (chez Berlin Classic), dirigé par le plus grand Cantor de la Sainte-Croix de Dresde du XXème siècle : Rudolf Mauersberger (1889 - 1971).

Réalisés en RDA en pleine "Guerre froide" et chantés avec une conviction qui est rarement atteinte de nos jours, ces oeuvres superbes surprennent par la force des images et des sentiments qu'elles délivrent.

Les chanteurs sont si convaincants dans leurs interprétations du message de SCHÜTZ qu'on arrive à se demander si ce n'est pas là une façon de défier le régime socialiste communiste et athéiste de l'époque en manifestant ouvertement leur foi protestante.

Sans doute était-ce une manière courageuse de revendiquer tant leur héritage culturel allemand que leur propre identité et celle de Dresde, haut lieu musical et de la foi luthérienne.

Rudolf Mauersberger a pu ainsi, à travers ses interprétations, redonner force et espoirs à ses auditeurs au temps du national-socialisme et du socialisme réel.
Il préserva à plusieurs reprises le Choeur de la Sainte-Croix de la sécularisation et réussit à lui donner une renommée prestigieuse et internationale.

"Musicien de la Parole de Dieu, ses compositions, toutes de fraicheur et de gravité, témoignent, dans leur sobre grandeur et leur sérénité, à la fois de sa ferveur religieuse et de la suprême maîtrise de son écriture vocale".

Martin GREGOR-DELLIN, "Heinrich SCHÜTZ", Fayard, mai 1986, 432 pages.