Gustave MOREAU (1826 - 1898) est un peintre mystérieux. Il s'opposa au mouvement réaliste et impressionniste de son temps et son oeuvre est difficile à rapprocher d'une école picturale. Il mena une vie de solitaire, restant éloigné du grand public : réticent à vendre ses toiles ou à les exposer, il refusa de participer à la décoration du Panthéon ou de la Sorbonne. Et de son vivant, sa renommée fut limitée à certains milieux "aristocratiques" : il était apprécié d'Oscar WILDE et de Marcel PROUST. MOREAU se considérait comme un "peintre d'histoire" par référence à INGRES et surtout DELACROIX, tous deux spécialisés dans les scènes de genre, les reconstitutions historiques, les portraits ou les nus féminins. En fait, MOREAU est inclassable. Romantique, symbolique, idéaliste, fantastique, présurréaliste : autant de termes qui peuvent définir son art mais qui montrent aussi son difficile classement. Selon MOREAU, la peinture "doit faire d'avantage rêver que penser et vise à transporter le spectateur vers un autre monde..." Autrement dit, et nous citons P.-L. MATHIEU et G. LACAMBRE : "Pour MOREAU la peinture est cosa mentale. Elle ne cherche pas à recréer sur la toile le spectacle de la nature, elle s'adresse d'abord à l'esprit et viens du plus profond de l'artiste : on mesure par là toute la différence qui sépare la conception d'un MOREAU de celle des réalistes et des impressionnistes, ses contemporains". En 1892, il est nommé Professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris. Henri MATISSE fut l'un de ses élèves. Il lègue à l'Etat son atelier (installé dans un hôtel particulier) et toutes les œuvres qu'il referme. Ce legs est à l'origine du musée Gustave MOREAU à Paris, au 14 rue de La Rochefoucault. Après sa mort, et malgré la création du musée, MOREAU tomba dans un relatif oubli. Ce n'est qu'en 1961 qu'une grande exposition lui fut consacrée au musée du Louvres et qu'un ouvrage fut écrit sur son art fantastique. Les surréalistes, dont André BRETON, participèrent à sa redécouverte. Gustave Moreau s'est, très souvent, inspiré de la mythologie antique ("Diomède dévoré par ses chevaux", "Hercule et les oiseaux du Lac de Stymphale", "Léda et le cygne, entre autres."). Et une impression de fantastique ou de rêve caractérise les scènes de ses œuvres. Mais le plus extraordinaire réside sans aucun doute dans son élaboration de la palette des coloris : un savant travail de dosage de façon à obtenir des tons rares et raffinés. Certaines de ses toiles annoncent, en fait, le fauvisme et l'abstraction ("Près des eaux"). Bibliographie sélective : - "L'assembleur de rêves. Ecrits complets de Gustave MOREAU", Fontfroide, 1984 (texte établi et annoté par Pierre-Louis MATHIEU, préface de J. PALADILHE). - Pierre-Louis MATHIEU "Gustave MOREAU", Paris, 1994. - Geneviève LACAMBRE, "Gustave MOREAU Maître sorcier", Paris, 1997. |